📝 Article réalisé avec l’expertise de Paul Marquis, prévisionniste pour les départements des Hautes-Alpes et des Bouches-du-Rhône sur Prévi+.
Depuis le 5 août, l’Aude est confrontée à un incendie d’une ampleur exceptionnelle, qualifié de "MégaFeu". Sa progression fulgurante s’explique en grande partie par des conditions météorologiques réunissant tous les facteurs aggravants : air extrêmement sec, vent fort, chaleur marquée et végétation vulnérable.
Le départ du feu a eu lieu dans un environnement où l’humidité relative était inférieure à 25 % (voir carte ci-dessous), un seuil critique qui favorise une combustion très rapide des végétaux. Cette sécheresse est le fruit de plusieurs années de déficit hydrique, aggravé par un printemps et un été 2025 particulièrement secs.
À ces conditions de sécheresse s’est ajouté un vent soutenu, dépassant localement 60 km/h, orienté d’abord au Nord-Ouest sous l’effet d’une tramontane active. Ce flux a joué un rôle crucial dans l’accélération du front de flammes, avec des vitesses de propagation enregistrées jusqu’à 9 km/h, ce qui classe ce feu dans la catégorie la plus élevée (niveau 5).
Mais c’est surtout la variabilité du vent qui a posé problème. Dès le 6 août, un basculement du flux s’est amorcé avec l’intrusion d’air marin plus humide en basse couche. Cette rotation du vent au secteur Sud-Est a déstabilisé les lignes de défense établies par les secours et contribué à réactiver des foyers secondaires, rendant la situation encore plus difficile à contenir.
La violence du sinistre a également généré son propre système dynamique. Un pyrocumulus massif s’est formé dans l’après-midi du 6 août, visible à plus de 100 km. Ce type de nuage traduit une convection explosive provoquée par la chaleur dégagée par le feu, et s’accompagne souvent de vents erratiques générés localement, ce qui complexifie encore l’intervention des secours.
Au soir du 6 août, plus de 16 500 hectares avaient été parcourus par les flammes. Il s’agit du feu le plus rapide jamais enregistré en France depuis le début des mesures modernes, et du plus vaste en superficie pour un foyer unique depuis 1949.
Malgré une mobilisation massive (1 800 pompiers, 5 Dash, 9 Canadairs, 2 hélicoptères bombardiers d’eau) les moyens aériens et terrestres n’ont permis que de limiter la propagation, sans parvenir à maîtriser totalement le sinistre.
L’un des paramètres clés dans le comportement d’un incendie reste l’humidité de l’air. Un air sec accélère l’évaporation de l’humidité contenue dans les végétaux, les rendant plus inflammables.
Dans le cas présent, le feu a démarré sous des valeurs comprises entre 22 et 24 % dans la zone de l'Aude touchée, ce qui a contribué à l’extrême virulence observée.
Mais à partir du 6 août, une légère hausse de l’humidité a été observée en lien avec l’arrivée d’un flux d’Ouest à Sud-Ouest.
L’évolution des prochaines heures reste incertaine. Les conditions météo pourraient encore jouer un rôle clé, tantôt comme facteur d’aggravation, tantôt comme allié des secours, selon l’évolution du vent et de l’humidité.
Chez Prévi+, nos prévisionnistes locaux suivent l’évolution de cette situation heure par heure.
Les notifications en temps réel continueront de vous alerter en cas de conditions à risque dans les départements couverts par l’application.