Ce mardi 20 mai 2025, le département du Var a été frappé par un épisode météorologique d’une intensité exceptionnelle. Une salve orageuse très localisée, mais d’une puissance rare s’est abattue sur le sud du département, notamment entre le Lavandou, Cavalière, La Môle et Vidauban, causant inondations, dégâts matériels et pertes humaines.

Nos prévisionnistes locaux ont assuré un suivi continu tout au long de la journée, en croisant observations terrain, analyse radar et modélisation.

Voici le récit chronologique d’une journée noire, mêlant faits et explications techniques.

🔎 En amont : une situation annoncée comme instable

Dès le lundi 19 mai, les signaux d’alerte sont identifiés. Les prévisionnistes de Météo Côte d’Azur et Météo Provence Azur, appuyés par les modèles, anticipent un mardi matin potentiellement explosif.

En cause, une goutte froide océanique en approche par l’ouest, prête à déstabiliser la masse d’air sur la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Les prévisions annoncent des orages localement violents, potentiellement stationnaires, avec des cumuls pouvant atteindre 80 à 120 mm en 3 heures, voire davantage en cas de blocage orographique.

Météo-France place alors le Var en vigilance orange pour orages et pluie-inondation à partir de 06h du matin.

🕓 Nuit du 19 au 20 mai : premières formations orageuses

Dans la nuit, des orages concernent déjà les Bouches-du-Rhône, notamment entre Aix-en-Provence et Marseille, où une activité électrique intense est observée dès 4h30, comme le rapporte La météo du 13. Une cellule très active, décrite comme une « pile électrique », remonte alors depuis la mer en direction de l’est du département.

Peu après, vers 5h10, d’autres orages touchent la Camargue, avant de se diriger vers la côte bleue et une nouvelle fois l’est du département. Ces premiers signaux confirment l’instabilité ambiante et la précoce mise en place de la dégradation.

En altitude, un flux de sud instable s’organise, tandis qu’en basse couche, un vent d’est remonte du golfe de Gênes. Tous les ingrédients sont réunis pour favoriser la formation d’orages stationnaires : humidité, cisaillement, forçage dynamique, convergence au sol.

📍 Mardi 20 mai : dégradation brutale et impacts majeurs

🕗 06h – 08h : une situation explosive se met en place

Dès 6h, les images radar montrent une ligne orageuse se structurant entre le littoral varois et le massif des Maures.

À 08h10, une cellule particulièrement active s’ancre entre La Londe-les-Maures, Le Lavandou, Cavalière et Vidauban.
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Les prévisionnistes confirment une situation à risque élevé. Les orages sont :

• stationnaires,
• accompagnés de grêle,
• dotés d’une activité électrique intense.

C’est le début d’un phénomène diluvien.

🕘 08h30 – 10h30 : cœur de l’épisode, précipitations extrêmes

Le noyau orageux s’intensifie fortement. On observe :

• des cumuls de pluie estimés autour de 150 mm en une heure,
• et plus de 250 mm en 3 heures dans les secteurs les plus touchés,
  
• La rivière La Môle, au Lavandou, a subi une crue éclair, avec une montée brutale du niveau de l’eau passant de 0,26 m à 6 m entre 08h00 et 09h45, avant l’interruption des mesures. (Une défaillance du capteur, liée à cette élévation soudaine, sera rapportée par la suite.)
  

Les vidéos partagées depuis le terrain sont édifiantes : torrents urbains, rues submergées, véhicules déplacés, et boue charriée jusque dans les commerces.
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Les secteurs les plus durement touchés sont :

• Le Lavandou,
• Vidauban,
• Cavalière,
• La Môle,
• Grimaud, Le Luc, Bormes-les-Mimosas, Colobrières.

⚠️ 11h – 14h : bilan humain et premières accalmies

Malgré une légère amélioration en surface, l’orage reste très actif jusqu’à 11h, notamment dans le massif des Maures. La préfecture communique alors un premier bilan dramatique :

• 3 morts : 1 au Lavandou, 2 à Vidauban,
  
• 50 personnes secourues (notamment à Taradeau, La Môle, Cogolin, Bormes),
  
• nombreuses routes effondrées : RD 558, RD 98, RD 214, RD 84…
  
• 635 foyers privés d’électricité,
  
• fermeture de l’aérodrome de La Môle – Saint-Tropez, submergé.
  
  

Nos prévisionnistes constatent à ce moment-là que les cellules orageuses les plus intenses se sont évacuées vers la mer, mais qu’un noyau pluvieux persiste avec des précipitations régulières, notamment entre l’Estérel, Nice et Vintimille.

🕓 14h – 20h : retour au calme progressif mais instabilité persistante

À 14h, la vigilance orange est levée. La vigilance jaune reste en vigueur jusqu’à 20h pour risques d’averses isolées, parfois orageuses. Une cellule active touchera encore la vallée du Var dans l’arrière-pays niçois, avec grêle à Colomars.

Nos experts signalent une instabilité résiduelle, nourrie par des bourgeonnements nuageux dans l’intérieur varois, mais sans commune mesure avec les orages du matin.
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🌡️ Pourquoi un tel phénomène s’est-il produit dans le Var ?

Parmi les nombreuses analyses proposées ce 20 mai, celle d’Extrême Météo, prévisionniste membre de Prévi+, apporte un éclairage précieux sur les mécanismes qui ont conduit à un tel épisode.

À l’échelle méso, plusieurs facteurs se sont combinés pour créer un contexte extrêmement favorable à la formation d’orages diluviens, violents… et surtout stationnaires :

• D’abord, une dépression de surface bien positionnée au large immédiat du littoral a contribué à maintenir une alimentation en humidité constante sur la région.
  
  
• Ensuite, une convergence de flux s’est mise en place : un vent d’est en basse couche est venu heurter une composante nord sur le Var, tandis qu’en altitude, un flux de sud plus dynamique dominait. Cette configuration en croisement perpendiculaire entre les basses couches et l’altitude a nettement favorisé le blocage des cellules.
  
  
• Par ailleurs, la température de la mer Méditerranée, plus chaude que la moyenne saisonnière (+1,5 à +2°C), a agi comme un carburant supplémentaire en apportant davantage de vapeur d’eau.
  
  

• Une anomalie modérée en eau précipitable (+2 sigmas au maximum) a également été relevée, ce qui, bien que non exceptionnel en soi, a renforcé le potentiel de précipitations.
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• Enfin, la topographie locale, et en particulier le relief du massif des Maures, a joué un rôle crucial : son effet orographique a contribué à piéger les cellules orageuses sur des zones très restreintes, en favorisant leur maintien et leur intensification.

Au final, c’est le caractère stationnaire des cellules et leur ancrage sur des secteurs très ciblés qui expliquent les cumuls impressionnants observés. Selon les estimations, certains points ont pu recevoir jusqu’à 250 mm de pluie en à peine 3 heures, et jusqu’à 169 mm en seulement une heure à Cavalière, ce qui frôle des valeurs historiques.

📡 Une anticipation et un suivi rendus possibles par nos prévisionnistes

Ce type d’épisode souligne plus que jamais l’importance d’une météo humaine, locale et réactive. Tout au long de la journée, les équipes de Météo Côte d’Azur, Météo Provence Azur, La météo du 13, mais aussi des prévisionnistes partenaires actifs dans d’autres départements comme Extrême Météo, ont assuré un suivi heure par heure de la situation.

Ils ont relayé en continu :

• les niveaux de vigilance,
• l’évolution des cellules orageuses,
• les observations terrain en temps réel,
• ainsi que les zones à risque immédiat à surveiller.
  
  

💬 Grâce à leurs bulletins et à leur présence sur l’application Prévi+, de nombreux habitants ont pu recevoir des notifications ciblées quelques heures, voire quelques minutes avant l’arrivée des orages sur leur secteur. Une vigilance précieuse qui, dans ce genre de situation, peut faire toute la différence.

✅ En résumé

• Un orage diluvien et stationnaire a frappé le sud du Var entre 6h et 11h, provoquant une dégradation d’une violence exceptionnelle.
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• Les cumuls de pluie ont atteint des niveaux rares : 187 mm à Vidauban, 169 mm en seulement une heure à Cavalière, et possiblement davantage dans les secteurs les plus touchés.
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• Le bilan humain est dramatique : 3 personnes ont perdu la vie, une cinquantaine ont dû être évacuées, parfois dans l’urgence.
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• Les dommages matériels sont nombreux : routes coupées, habitations inondées, infrastructures déstabilisées, réseaux perturbés.
  
  

➡️ Cet épisode rappelle à quel point les phénomènes météo extrêmes peuvent survenir brutalement, avec des conséquences immédiates et profondes pour les habitants. Au moment où cet article est écrit, deux personnes sont toujours portées disparues. Il souligne aussi l’importance d’une information rapide, compréhensible et localisée, et la nécessité de renforcer, collectivement, la culture du risque et la préparation face à ce type d’événement.